- Auteur, metteur en scène et comédien, comment articulez-vous ces 3 rôles ?
On est tous multifonction. On sait tous changer de costume selon les circonstances. Quand j’écris, je ne suis qu’auteur. Quand je mets en scène, je ne pense que comme un metteur en scène, etc. Je n’ai jamais ces trois rôles dans une même pièce. Être triple serait comme un écartèlement, ce ne serait pas tenable.
- Qu’est ce qui nourrit votre écriture ?
Pour créer, je m’inspire de ce qui me traverse, je travaille autour des choses qui me font vibrer. Souvent, une création ouvre une porte à une autre création. Je ne suis pas partisan d’un spectacle moralisateur ou politique. Mon but premier est de dépayser les publics en partageant des histoires qui les captivent avec des personnages fascinants. Ce n’est qu’en second lieu que cela conduit à un questionnement et un décentrement de nos cultures occidentales.
Par exemple, avec Braconniers, je veux d’abord faire découvrir la brousse africaine. Mais cette pièce a aussi une coloration personnelle car j’ai vécu jusqu’à mes 22 ans en Afrique du Sud durant l’apartheid. Indirectement, je montre le passé douloureux d’un peuple qui vit encore aujourd’hui dans les Sud-africains. Les opprimés d’Afrique du Sud, vivent avec un besoin de réparation, tandis que les Blancs préféreraient qu’on oublie cette ère chargée de honte.
- Votre façon de traiter la mise en scène s’inspire-t-elle d’autres pratiques théâtrales à travers le monde ?
Je me réfère d’abord à des grands maîtres tels que Peter Brook et Ariane Mnouchkine. Je pioche ici et là mon inspiration, j’agence tout ça et cela créé quelque chose de nouveau. Je croise sans cesse différentes formes et différentes cultures pour créer.
J’ai fait ma formation artistique en Afrique. L’approche du spectacle y est très organique, avec un travail du corps. Le metteur en scène ou le chorégraphe donne une grande liberté d’expression aux artistes. La formation est pluridisciplinaire : on forme à la fois au jeu, à la danse, aux arts visuels…
Le sens de ma mise en scène est d’offrir les bonnes clefs pour que le public rentre dans l’histoire et participe de la construction de la pièce. Je me considère comme un dompteur de l’imaginaire.