Un certain penchant pour la cruauté

Aventure humaine envisagée comme exaltante, l’accueil d’un jeune migrant va révéler les déboires intimes, les mensonges et les préjugés enfouis d’une famille qui se voulait exemplaire. Une satire sociale piquante et intelligente qui se rit de nos contradictions et questionne notre capacité à accueillir l’autre.

Elsa a tout ce qu’il faut pour être heureuse. Un mari, une fille, un travail, une maison, un joli jardin et un amant. Animée par ses idéaux humanistes, elle décide d’héberger Malik, mineur isolé venu d’Afrique. Christophe, son mari, et Ninon, leur fille, ne peuvent qu’être d’accord. L’expérience sera fabuleuse, le mélange des cultures fonctionnera à merveille, pensent-ils. Mais dans ce nouveau quotidien riche en petits coups de théâtre, la belle unanimité de façade se fissure peu à peu…

L’écriture de Muriel Gaudin est tranchante et précise. Les répliques vachardes, les saillies fulgurantes, comme échappées, dévoilent des intrigues mêlées et les dessous d’une réalité peu reluisante. La mise en scène, vive et fluide, ne s’embarrasse pas du superflu et fait la part belle aux cinq comédiens. Avec un musicien au plateau, qui accompagne et soutien le rythme véloce des dialogues, les scènes s’enchaînent dans un ballet de jeux de cubes et de changements de costumes à vue. Un huis clos à l’humour mordant.