Clément Aubert, Romain Cottard et Paul Jeanson donnent naissance au Groupe Fantôme en 2020. La singularité de leur processus de création est de convier les spectateurs à co-construire le futur spectacle et à faire d’eux des » spect-acteurs ».
D’où vient le nom de votre groupe ?
Nous travaillons ensemble depuis 20 ans et le groupe fantôme n’est pas notre premier projet. Il est né à la suite d’un projet de compagnie qui s’est terminé dans la douleur. Ce nom est le symbole d’une mort et d’une renaissance sous une autre forme.
La figure du fantôme nous intéresse par le mystère qu’elle contient et sa dimension spectrale. Le fantôme est absent et présent. Il est une apparition, il est un événement, il est inquiétant et familier.
Le fantôme est à la fois une apparence immatérielle et une illusion. Il est éminemment théâtral. Il appartient au monde de l’invisible. C’est ce que nous recherchons dans nos spectacles. À explorer le réel en soulevant des voiles, en explorant des zones entre fiction et réalité, des zones de troubles afin d’élargir avec les spectateurs et spectatrices notre perception du monde.
Vous vous êtes produits début décembre sur la scène du Théâtre de Carquefou avec votre spectacle la Disparition et les interactions avec les spectateurs y sont très fortes. Vous revenez à Carquefou en février pour votre nouvelle création Utopie basée sur des répétitions ouvertes au public. Peut-on dire que le public joue un rôle de premier plan ?
Oui absolument. Pour nous le public est un acteur majeur du spectacle. […] Comme disait Marcel Duchamp, « c’est le regardeur qui fait l’oeuvre ». Nous cherchons à radicaliser ce principe en décentrant l’objet du spectacle. ce que le public ne regarde plus un spectacle et des acteurs qui jouent devant lui mais que notre dispositif permette de faire émerger un sujet au milieu de nous. Que l’expérience vécue soit à la fois collective et singulière et intime pour chacun des participants. […] Nous cherchons à construire nos spectacles comme des expériences actives pour les spectateurs et spectatrices. Le moment que nous passons ensemble doit être performatif. Quelque chose doit se produire entre nous et en chacun de nous le temps de la représentation. Il y a un avant et un après. L’écriture consiste en l’élaboration d’un dispositif interactif que nous expérimentons ensuite en représentation.
Nous répétons en grande partie en public et en collaboration avec lui afin de tester ces dispositifs, de les affiner et d’arriver en représentation en ayant déjà eu l’expérience de l’échange et du partage.
Vous êtes également allés à la rencontre d’une classe de Terminale du lycée de Carquefou. Pouvez-vous nous en dire plus sur le but de cette démarche ?
Aujourd’hui, nous projetons sur le futur beaucoup de fantasmes et d’angoisses. Avec le groupe Fantôme, Nous pensons que la fiction, par sa faculté à aiguiller nos imaginaires, a la capacité de produire de l’utopie, des possibles, de réinventer un récit collectif qui conduirait à un avenir souhaitable. Nous aimerions nous engager avec ces lycéens rencontrés dans la tentative d’élaboration d’utopies positives. Dans une époque de repli individuel, la tentation du déni est grande. Nous pensons que nous pouvons par l’intermédiaire de la création collective et du théâtre contribuer à la construction d’un nouveau récit commun. Pour cela, comme l’écrit l’auteur de SF Alain Damasio, il faut « extrapoler les tendances positives » afin de les élever au statut de normes. Chacun peut d’une manière ou d’une autre, écrire un morceau de l’avenir qu’il envisage pour lui-même et pour les générations futures.
A l’occasion de la venue du Groupe Fantôme, collectif d’artistes associés à la saison 2022-2023 du Théâtre, le journal municipal de Carquefou est allé à leur rencontre. Un article à retrouver dans le Carquefou Mag de janvier 2023.
Répétitions publiques et participatives d’Utopie, création en cours
Du mardi 14 au jeudi 16 février 2023 / 17h > 20h
vendredi 17 février / 14h > 17h
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